L'Italie et Byzance

André Chastel a été le premier historien de l'art à montrer que la peinture italienne jusqu'à la fin du XVe siècle ne pouvait s'expliquer qu'en tenant compte de l'art byzantin. C'est sur le site de Byzance, ville grecque du VIIe siècle avant J.-C., que l'empereur Constantin crée en 303 une nouvelle Rome, baptisée Constantinople. Ainsi commence l'Empire romain d'Orient qui durera jusqu'en 1453, date de la prise de la ville par les Ottomans. Le prestige du monde byzantin s'illustre dans plusieurs domaines : la décoration murale avec mosaïques et fresques, la peinture portative avec les icônes et les objets précieux, couronnes ou reliquaires. Les édifices construits par ce nouvel Empire, telles Sainte-Sophie ou la Kariye-Djami à Constantinople, les églises d'Ohrid ou de Mistra, ainsi que le cérémonial de la vie impériale et religieuse, vont offrir au monde latin des modèles qui renouvellent complètement la pensée antérieure des artistes italiens. En outre, des philosophes et écrivains vont échanger des idées nouvelles grâce à l'introduction de la langue grecque en Italie. Les modifications apportées aux pensées religieuses vont provoquer des ruptures, puis inciter à créer une " Union " grâce à de nombreux Conciles dont le plus célèbre sera celui de Florence en 1439. Les multiples va-et-vient d'artistes, philosophes, religieux ou empereurs vont conduire le monde artistique latin à évoluer dans ses techniques et dans la " théologie de l'image ". C'est à l'occasion des Croisades que l'empereur Héraclius récupère la " Vraie Croix ", inaugurant la notion de " reliques ", qu'on retrouvera dans la représentation du " baptême du Christ ". Tout cela conduit André Chastel à illustrer les influences byzantines sur de multiples artistes, mosaïstes, fresquistes, peintres de retables ou sculpteurs : Cavallini, Giotto, Duccio, Gaddi, Filarète, Ghiberti, Piero della Francesca, Gozzoli... - qui vont décorer les villes italiennes : Rome, Assise, Sienne, Padoue, Florence...